Le ferry les emmène loin de Lampedusa, enfin. Ces réfugiés syriens l’auront attendu longtemps. Trop longtemps. Leur prochaine étape : ...
Le ferry les emmène loin de Lampedusa, enfin. Ces réfugiés syriens l’auront attendu longtemps. Trop longtemps. Leur prochaine étape : un autre camp, en Sicile, cette fois. De là, ils pourront demander l’asile politique, le sésame qui leur permettra peut-être de gagner un jour le pays européen de leur choix. Rien ne garantit qu’ils l’obtiendront. Mais à l’heure du grand départ, l’espoir chasse les doutes.“Je suis heureuse. Les gens ici sont si merveilleux. Je vous jure qu’ils sont bons. Je leur tire mon chapeau,” dit une vieille dame sur le quai, avant d’embarquer. Son neveu est à ses côtés. “Je ne peux pas décrire ce que je ressens, dit le quadragénaire. Nous sommes si heureux. La traversée et le camp nous avaient tellement fatigués. Maintenant nous allons beaucoup mieux et nous espérons un avenir meilleur.”Nous nous rendons au centre de premier secours de Lampedusa, un camp conçu pour des séjours de 3 jours maximum. Mais le provisoire dure 20 jours en moyenne ici, parfois plus.Quand nous arrivons dans le camp, nous rencontrons des clandestins syriens en grève de la faim. Ils ont vu d’autres immigrés, arrivés après eux, partir avant eux. Ils perdent espoir.Les conditions de vie dans le camp sont difficiles. Les deux bâtiments principaux ont été construits pour 254 personnes. Ils sont 600 à s’y entasser le jour de notre visite. Les tensions sont palpables. Le directeur du centre, Federico Miragliotta, est sur tous les fronts.“En face du pavillon des hommes, ce qu’on appelle le Hall A2 – le pavillon administratif – a été vidé et transformé pour accueillir 200 personnes supplémentaires, explique-t-il. Bien sûr, le camp est encore surpeuplé. Quand il s’est mis à pleuvoir ces derniers jours, alors que nous avions un nombre d’immigrés encore plus important, nous avons dû loger les gens dans nos bus et minibus.”Nous entrons dans le pavillon familial, où les caméras sont rarement autorisées. On nous interdit de filmer les visages. Il n’y a plus assez de place pour... Less